HATE SPEECH – Rentrez chez vous !” … Autodestruction.

Rentrez chez vous !” … Autodestruction.

J’étais en France. Ils m’ont dit de rentrer chez moi, en Afrique. Alors, je suis allé au Maroc, cherchant la paix.

Arrivé au Maroc, ils m’ont dit que j’étais noir. Ils m’ont dit de rentrer “chez nous”. Dépassé, j’ai suivi un ami en Guinée Équatoriale, toujours en quête de paix.

Là-bas, j’ai vécu sans problème un moment. Je me sentais enfin chez moi. Jusqu’au jour où on m’a rappelé mes “vraies origines”. J’étais camerounais, m’a-t-on dit. Alors, avec un groupe de personnes, je suis rentré au Cameroun. J’étais enfin chez moi.

À Yaoundé, la capitale politique, j’ai mené mes activités paisiblement. J’ai ouvert un prêt-à-porter qui a vite connu du succès. En trois ans seulement, ma marque s’était imposée. Puis, la rumeur sur mes “vraies origines” s’est propagée. Mon patronyme trahissait mes racines de l’Ouest Cameroun. Les murmures sont devenus des pressions. “Rentre chez toi”, me disait-on. Alors, je suis parti. J’ai rejoint Bafoussam. Là-bas, peut-être, étais-je enfin chez moi.

J’y ai vécu en paix. Jusqu’au jour où, lors d’une dispute, un homme originaire de Bamendjou a poignardé son voisin dans un litige foncier. L’affaire a viré à un affrontement tribal. Très vite, les Bamendjous ont été contraints de rentrer “chez eux”. J’étais encore dans le groupe. Je suis parti pour Bamendjou, espérant enfin trouver la paix.

Mais même Bamendjou, me disait-on, était bâti sur des terres Badang, Bakang ou Batoke. Et moi, savais-je seulement où je mettais les pieds ? Un jour, quelqu’un m’a rappelé que mon nom indiquait des origines Balatsit. “Tu devrais aller faire ça dans ton vrai village”, m’a-t-on lancé. Alors, j’ai cédé. J’y suis allé.

J’étais enfin chez moi. Enfin en paix.

J’ai recommencé mon activité entrepreneuriale. C’était difficile au début, mais j’ai tenu bon. Le succès est venu. Je pensais être en sécurité. Jusqu’au jour où l’on a découvert que je n’étais pas du quartier. “Tu devrais t’installer dans ton vrai quartier.” Encore une fois, j’ai plié bagage.

Je suis allé m’installer dans la concession familiale. J’ai réinvesti les maisons abandonnées pour y développer une petite usine de transformation de pommes de terre. Mes produits ont connu un franc succès. Partout, on les appréciait. J’ai cru, naïvement, être enfin “chez nous”.

Mais mes oncles en ont décidé autrement. Ils m’ont chassé de “chez eux”. Plus de place, plus de maison. Ils se moquaient de moi : “Tu as quitté la France pour venir lorgner les biens familiaux ?”

Je me suis ruiné à vouloir rentrer chez moi. Et aujourd’hui, je ne sais plus où aller.

J’aurais dû me battre depuis la France. Beaucoup sont restés, car ils avaient compris que, finalement, personne n’est vraiment chez lui.

Le tribalisme est un poison qui nous détruit tous.

Le pire, c’est que ceux qui te disent “rentre chez toi” n’ont eux-mêmes aucun endroit sûr où aller. Ils se battent pour des terres qu’ils ne posséderont jamais pleinement, pendant que d’autres, plus puissants, s’organisent pour les dominer.

J’ai appris à mes dépens que la paix ne vient pas d’un lieu, mais d’une position de force. Il faut se battre pour ne jamais être à la merci de ceux qui veulent nous exclure.

Nous devons nous lever contre le tribalisme, ce fléau qui nous affaiblit et fait de nous des proies faciles. Nous devons nous unir pour construire une nation où personne ne sera rejeté pour ses origines. Mais surtout, nous devons nous préparer.

Car si nous ne sommes pas prêts, si nous ne savons pas nous défendre, nous serons toujours les victimes de ceux qui pensent que notre place est ailleurs. Alors, organisons-nous. Apprenons à répondre. Apprenons à protéger ce qui nous appartient.

Vous qui lisez ceci, sachez-le : si vous ne vous battez pas aujourd’hui pour des causes justes, demain, vous serez peut-être les prochaines victimes.

Fotsing Nzodjou

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